Jacques de lalaing
 
   Accueil | Contact | Ecrivez-nous | Liens   
Hôtel de ville de Bruxelles
L'artiste
Sa biographie
Sa vie sociale
Sa vie mondaine
Sa vie culturelle
Les oeuvres
Ses peintures
Hôtel de ville de Bruxelles
Ses sculptures
L'inventaire
Aidez-nous
Les actualités
Le livre
Le livre
L'auteur
Commander
La documentation
Les livres
Les articles
Les catalogues
Les documents
 

Peintures du plafond de l'escalier d'honneur de l'Hôtel de ville de Bruxelles

Le 6 janvier 1886, Charles Buls, bourgmestre de Bruxelles, sollicite Jacques de Lalaing afin que ce dernier accepte d'illustrer le pouvoir communal sur les murs de l'escalier d'honneur de l'Hôtel de Ville. La liberté de l'artiste, pour traiter ce sujet est restreinte par un cadre non imposé mais suggéré.

Charles Buls écrit : « Je voudrais qu'avec le talent sobre, mâle et vigoureux que nous admirons dans vos œuvres, vous puissiez glorifier, sur les murs de l'escalier d'honneur de notre antique Hôtel de Ville, le pouvoir communal. Je n'ai pas la prétention de vous inspirer la forme plastique que vous donnerez à cette glorification ; c'est en lui seul que l'artiste doit la trouver, mais je vous ai promis une glorification purement littéraire de la Commune afin de faciliter votre tâche, et je m'exécute. Le pouvoir communal est l'une des formes les plus anciennes de l'organisation sociale. L'homme isolé, sans cesse menacé dans son existence par de plus forts que lui, par les fléaux naturels, la peste et la famine, a cherché protection dans la loi et dans l'association. Ce pouvoir a donc pris naissance en même temps que les groupes de population qui se sont formés pour se livrer à l'agriculture d'abord, au commerce et à l'industrie, ensuite. Si nous considérons le pouvoir communal dans son évolution historique, nous y distinguons deux grandes périodes : celle qui s'étend depuis sa naissance jusqu'à 1794 et celle qui comprend sa réorganisation d'après les principes du droit moderne. Pendant le Moyen-Âge, ce sont les villes qui entreprennent la tâche glorieuse de faire naître la sécurité : « C'est dans leurs murs que l'homme rentre en possession de lui-même. Comme à Athènes les lois de Dracon, comme à Rome, les douze tables, les Keures communales fixent le droit ; l'arbitraire écarté, la violence punie, c'est le repos, le bonheur. Dès lors, les populations affluent dans les enceintes » (L. Vanderkindere, Le siècle des Artevelde, Bruxelles, Le Bègue et cie, 1879, p. 15).

Alors commence pour nos villes ce glorieux et éblouissant épanouissement du XIVe siècle. La commune qui n'était alors qu'un asile, devient bientôt une puissance, elle constitue une corporation territoriale, une unité judiciaire, une association industrielle et commerciale ; elle défend ses droits au dehors par la force, elle maintient au-dedans la pax civitatis par sa justice armée. Le bourgeois riche, puissant et fort se dresse fièrement devant le souverain féodal et l'oblige à jurer l'observation des droits et des privilèges conquis au prix de l'or et du sang des communiers. Placé sous l'égide de lois rigoureusement observées, fermement cantonné dans son droit, le bourgeois déploie toute son initiative, il sait qu'il conservera les biens acquis par son travail et son intelligence, qu'il peut aller commercer au loin en toute sécurité. Plein d'amour et de fierté pour la cité qui le protège et qui est son œuvre, il met une affection paternelle à l'enrichir et à l'embellir ; il veut avoir la plus belle cathédrale, le beffroi le plus élevé, la halle la plus vaste. Les gildes mettent une ardente émulation à bâtir les riches hôtels de leur corporation. Tout doit chanter la gloire et la puissance de la commune : la peinture dans ses tableaux votifs, dans les représentations des banquets corporatifs, l'architecture dans les monuments municipaux, la sculpture dans le peuple de statues qui se presse aux façades des hôtels de ville. Puis les rues aux pignons pittoresques voient défiler les pompeux cortèges de l'Ommegang, des serments, des chambres de rhétoriques, des entrées solennelles. La commune ancienne se présente donc comme un état presque indépendant, réunissant le pouvoir judiciaire au pouvoir administratif, traitant de puissance à puissance, avec le prince, les villes et souvent même les souverains étrangers.

La commune moderne se présente à nous comme une agrégation de citoyens unis entre eux par les intérêts communs, qui naissent de leur réunion dans une même localité. Les intérêts propres à chacune de ces sociétés communales sont dirigés par des magistrats communaux élus par le peuple. La loi en leur donnant le droit de se régir elles-mêmes, a dû leur donner aussi la force nécessaire pour faire respecter ce droit. C'est là ce qui constitue le pouvoir communal, pouvoir distinct et indépendant du pouvoir législatif, du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, pouvoir autonome pour tout ce qui concerne les intérêts purement locaux. Dans une grande cité le pouvoir communal prend une importance qui fait de la ville une sorte d'état souverain où chaque citoyen sent toujours son concours et sa protection. Ce pouvoir est sans cesse en éveil, pour assurer partout et à tous les moments de la vie du citoyen, l'ordre, la paix, la sécurité, le respect des lois. Il saisit l'homme à sa naissance pour l'inscrire comme bourgeois de la cité, il donne au mariage sa consécration légale, il fournit à la mort des funérailles et une tombe. Dans l'intervalle de ces trois grandes étapes de la vie, il étend sans cesse sa prévoyante sollicitude sur l'enfant de la cité ; si celui-ci est pauvre, il le recueille dans des crèches et des jardins d'enfants, puis il ouvre à tous les écoles, orgueil de la ville, car la commune a su se suffire à elle-même à tous les degrés de l'enseignement : elle forme elle-même ses instituteurs, ses artistes, ses savants. Elle a son école normale, ses écoles moyennes, son université, son académie, ses bibliothèques. De même que le citoyen doit son sang à la défense de la patrie, le bourgeois doit son bras au maintien de la paix de la cité, et la commune l'enrôle dans la milice citoyenne. Au jour du danger il doit accourir à la réquisition du bourgmestre. Celui-ci est aussi le chef de la police et le chef des pompiers, qui lui donnent la puissance de sauvegarder les biens et la vie des citoyens. Mais sa protection ne doit pas seulement écarter d'eux les violences, les troubles, les rapts et l'incendie : elle doit être prévoyante afin que la famine ne montre pas la face décharnée, il assurera l'alimentation de la ville, par l'organisation des marchés ; afin que la peste ne vienne pas y souffler son haleine empoisonnée, il prendra toutes les mesures de salubrité qui doivent assurer la santé publique. Mais les contagions morales ne sont pas moins dangereuses que les contagions physiques ; il appartient encore au premier magistrat de la cité d'enchaîner dans ses antres la repoussante débauche. Inflexible dans la défense de ses droits, protecteur énergique de l'ordre et des lois, le pouvoir communal est humain, charitable, bienfaisant aux déshérités, aux infirmes, aux malades, il leur ouvre ses hôpitaux, ses hospices, il leur distribue ses aumônes et ses secours. Mais non content d'assurer à la cité des voies commodes, de fournir l'eau et la lumière, de porter au loin les détritus corrompus, le pouvoir communal veille encore avec un soin jaloux à la conservation des monuments légués par nos ancêtres, il en crée de nouveaux, il demande à l'art de les embellir et, continuant les fastueuses et patriotiques traditions du passé, il célèbre par des fêtes pompeuses les grands événements de la patrie. Le pouvoir communal moderne nous apparaît donc comme un pouvoir subordonné au pouvoir central pour les intérêts généraux du pays, mais autonome dans son origine, indépendant dans les limites de son territoire, puisant en lui-même sa force et sa richesse, paternel dans son action, intimement rattaché au passé par des traditions chères à la population. Si l'action de la commune actuelle est plus restreinte que celle de la commune ancienne cette action est, par contre, plus énergique et plus grandiose, par suite de la formulation d'énormes agglomérations, de la complexité de la vie sociale et des grandes inventions qui ont amélioré nos conditions d'existence. Je vous adresse en même temps que cette lettre les dimensions des panneaux qui sont à décorer. Pourriez-vous, quand vous aurez préparé vos esquisses, me les soumettre, il doit bien être convenu entre nous, afin qu'il n'y ait pas de malentendu, que la commande définitive de la décoration de l'escalier d'honneur ne pourra vous être faite officiellement qu'après la ratification du Collège. J'ajoute cependant que je suis d'accord avec mes collègues, pour désirer de vous voir accepter ce travail ».

Jacques de Lalaing reçoit donc un canevas, un programme déterminé qu'il respecte et aménage. Son imagination et son style mettent en scène la valeur artistique du message. Fidèle à l'esprit de la commande, mais sans rien renier de sa manière, il ne déroge pas aux règles de composition traditionnelle et se conforme aux normes classiques. À la fin du mois de janvier 1888, les esquisses sont prêtes et le Bourgmestre informe l'artiste de la marche à suivre pour obtenir cette commande. Jacques de Lalaing éprouve certaines difficultés à honorer un point précis de la demande du Collège : à savoir proposer un devis. Embarrassé, il écrit au Bourgmestre : « Je me suis heurté, en voulant établir le devis que vous m'avez demandé vendredi passé à des difficultés que je crois n'existeraient pas au même point pour vous qui disposez des archives de l'Hôtel de Ville et pouvez y puiser des renseignements sur les travaux antérieurs que la ville a fait faire. J'ai consulté divers artistes sans avoir pu obtenir d'eux ce que je désirais savoir pour mon cas spécial. J'espère donc m'en rapporter à vous et aux précédents qui doivent abonder dans votre administration et crois bien pouvoir accepter d'avance le chiffre que vous voudrez bien me proposer. La corvée des recherches incombe plutôt à l'un de vos subordonnés qu'à vous-même, c'est ce qui m'enhardit à vous proposer cette solution étant d'ailleurs assuré d'être en de bonnes mains ». En mars 1888, Jacques de Lalaing accepte officiellement les propositions émises par le Collège et remercie en ces termes : « Je m'estime très heureux d'être définitivement chargé d'un travail si entièrement conforme à mes goûts »

 
Prix Caïus 2008
 
Académie royale
de Belgique
     
   
 
   
Les oeuvres > Ses peintures > Hôtel de ville de Bruxelles top