Jacques de lalaing
 
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La Lutte équestre (1899 - 1909)
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Dans un élan créateur tempétueux, Jacques de Lalaing campe une Lutte Équestre qui dégage avant tout un tourbillon d'émotions. Le choix du thème - comme pour les fauves d'ailleurs - s'impose par passion et habite son œuvre. La tension, la sensualité et la force marquent cavaliers et montures. L'empoignade de deux hommes nus qui montent à cru accorde la primauté au mouvement et se construit sur le mode de l'intensité.

Cette représentation équestre n'est pas uniquement un prétexte pour décliner postures et attitudes longuement étudiées, elle concrétise une magnifique recherche d'expression. Celle-ci se trouve déjà dans le thème pictural des Lutteurs (1884) monumental tableau qui est accroché au Tribunal de Commerce de Tournai.

Mais la réalisation sculptée, qui n'a rien de tiède ou de timoré traduit une action tout en fougue et en force et défie les lois de l'équilibre. Le projet tridimensionnel prend forme en été 1899.

Après une éclipse de deux ans, l'artiste reprend ce sujet. Un an plus tard, le plâtre est terminé : « Verfaille vient monter le 1er moulage pour la Lutte Équestre sur le cheval écorché ».

Son atelier ne pouvant pas convenir pour réaliser l'œuvre à grandeur d'exécution, il cherche un lieu où abriter son travail : « Je vais ensuite voir l'atelier que Herbays veut louer. Entretemps, Jules Herbays qui pressent le caractère monumental de l'œuvre interdit à Jacques de Lalaing de poursuivre cette réalisation dans ses installations : « Mon praticien Van Den Berg vient me dire que Herbays, voyant le développement probable du groupe équestre refuse de laisser continuer chez lui ce travail crainte d'effondrement ». L'artiste recherche donc un lieu qui lui permettra de poursuivre son travail : « J'ai vu Heyninckx pour la salle du Cinquantenaire. Il me dit d'écrire au ministre. Je le fais ». « Le ministre (agriculture) me donne la permission de disposer d'une salle au Cinquantenaire pour ébaucher mon groupe équestre. Le travail de la terre se poursuit et un froid précoce inquiète l'artiste : « Vais au 50naire voir le groupe bientôt mis à point. Nous craignons la gelée et espérons le chauffage qui fonctionnera dans un mois dit- on » ; « Verfaille que j'avais envoyé voir le groupe au 50naire estime à 2.500 fr. le coût d'un moulage montable ».

La mise au point se termine. L'artiste rectifie les aberrations et corrige les défauts « Le groupe est mis au point grosso-modo. De petites erreurs sont devenues des fautes lourdes. Avec Van Den Berg je promène partout le compas et ramène le vraisemblable. Je rentre déjeuner et reprends jusque vers 4 h. Il fait glacial et mon vieux tapis cloué contre le vide de la porte absente gêne peu le vent du Nord.

Puis l'artiste reprend à son atelier des morceaux de la composition pour les retravailler : « Par les soins de Loebmann, un camion plat et une escouade d'hommes, je fais chercher au Cinquantenaire un cheval du groupe équestre que j'y ai ébauché. Le morceau semble géant - établi non sans peine à l'atelier ».

Enfin, au début de 1907, l'œuvre est prête pour la fonte : « Thielemans et un monteur de l'usine Lemaire travaillent à démonter pour la fonte le groupe équestre ».

Au début de l'année 1908, Jacques de Lalaing reçoit la confirmation de l'achat de son Groupe Équestre par le département du ministre des Sciences et des Arts mais il s'oppose à son placement à Louvain. Il note : « Appelé chez le ministre Descamps. Je m'entends confirmer l'acquisition du Groupe Équestre mais son désir est de favoriser la ville de Louvain en plaçant ce groupe place du Peuple. Je combats de mon mieux cette idée. Le ministre demande à réfléchir. Rentré chez moi je me décide après avoir consulté Lambotte à lui offrir mon mât Tigres pour Louvain. Et lui écris ». Le ministre appuie la proposition de l'artiste, balaye les objections du bourgmestre et lui écrit : « Je crois devoir vous faire remarqué que l'emplacement souhaité par Monsieur le comte Jacques de Lalaing pour l'installation de sa Lutte Équestre est situé en dehors du bois de la Cambre, à l'extrémité de l'avenue Louise. L'éventualité de l'érection du Monument au Travail à l'entrée du bois ne me paraît nullement constituer un obstacle au placement du groupe de Monsieur de Lalaing. Les deux œuvres ne se gêneraient en aucune façon, elles seraient séparées par un espace très considérable et d'aucun point leurs masses ne pourraient être aperçues simultanément, puisque la Lutte Équestre serait placée vers la droite, en retrait, et ne se découperait pas dans la perspective de l'avenue Louise ». Les travaux, et les frais d'édification du piédestal (pris en charge par Joseph Diongre), y compris les honoraires de l'architecte s'élèvent à 7.645 fr et sont supportés par la ville.

Pour l'édification de son groupe dans l'espace public, l'artiste obtient entière satisfaction. Il consigne dans son journal, avec un certain soulagement : « Convoqué par la ville je vais rencontrer un chef de travaux et mon architecte Diongre à l'entrée du bois pour la réception officielle du Groupe Équestre ». La Lutte Équestre se positionne comme l'une des œuvres majeures de Jacques de Lalaing. Son attrait pour les chevaux se traduit par une incontestable puissance plastique. L'énergie dont font preuve montures et cavaliers souligne un sens du mouvement très sûr et atteste d'une technique maîtrisée. Dressés sur leurs membres postérieurs, la crinière au vent et les naseaux dilatés, les destriers accentuent le sens du mouvement qui émane de cette œuvre. Les lutteurs, présentés dans une nudité héroïque, avec une musculature d'athlète, saisis au paroxysme de l'effort, dégagent une réelle puissance dramatique. Cette sculpture est l'une des plus réussies de Jacques de Lalaing parce qu'elle allie soin du détail et vision grandiose et parce que d'elle jaillit une beauté formelle intemporelle.

 
Prix Caïus 2008
 
Académie royale
de Belgique
     
   
 
   
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